Pour cette rentrée littéraire 2025, 484 romans seront publiés entre la mi-août et le mois d’octobre, dont 344 romans français et, parmi ceux-ci, 73 premiers romans. Un chiffre en légère hausse par rapport à l’an dernier. Parmi les titres très attendus, les choix éditoriaux et les médias, cette année encore, des motifs forts sont exploités : origine, identité, exil, Histoire revisitée ; écologie et monde d’après ; intimité, famille, rapport intergénérationnel ; figures féminines et sororité ; engagement politique, totalitarisme et pouvoir…
L’international s’affirme dans les traductions mais aussi dans l’édition francophone via les écrivains d’Afrique, d’Amérique, de la Diaspora. Ce mélange contribue à faire émerger des regards "multipolaires".
L’équipe "fiction adulte" de la MdN, composée de Catherine Karolewicz, François-Xavier Farine et Julie Gillot, a choisi de vous présenter trois ouvrages, trois voix, dans la sélection éclectique de cette rentrée littéraire.
Bonne lecture à toutes et tous !
Paul GASNIER
La collision
Gallimard.- (Blanche), 2025
19 Euros
Dix ans après la mort brutale de sa mère percutée par un jeune motard dans les rues de Lyon, le journaliste Paul Gasnier revient sur ce drame intime pour en faire bien plus qu’un simple témoignage. La collision interroge notre société à travers les trajectoires de deux familles que tout oppose : celle de sa famille et celle du jeune homme à l’origine de l’accident.
Avec une écriture sobre et sans pathos, l’écrivain livre une enquête intime mais aussi sociale mêlant deuil, colère, empathie et lucidité.
Un premier roman à la croisée de l’intime et du politique, au texte court et bouleversant.
Paul KAWCZAC
Le bonheur
La Peuplade, 2025
23 Euros
Néron, Lascaux, une caverne magique, une manifestation sociale… L’auteur, Paul Kawczak, nous offre quelques circonvolutions surprenantes et déstabilisantes avant d’arriver au cœur du texte.
Jacquot, Pinou et Suzanne sont trois enfants cachés des nazis, dans une grotte, sur les hauteurs de Besançon. Poursuivis par un SS Sturmbannführer monstrueux, ils sont protégés par le dévouement de Marcelline, le courage du bouledogue Foie-de-veau ou l’altruisme de résistants locaux. Dans un texte sombre, très sombre, des pointes de lumières éblouissantes illuminent l’obscurité.
Le roman mêle réalisme cruel et fantastique magique. On emprunte, en cours de lecture, des chemins tortueux où l’écriture sait décrocher pour mieux nous accrocher, comme lors de cette longue litanie des convois de juifs déportés depuis la France, énumération répétitive mais hypnotisante et bouleversante.
Un roman qui demande un peu d’exigence mais qui ne laisse pas indifférent.
Mathilda DI MATTEO
La bonne mère
L’Iconoclaste, 2025
20,90 Euros
Véro, la mère, vit à Marseille, s’habille de manière vulgaire, se maquille "à la truelle", a un langage loin d’être châtié, une vie loin d’être rêvée, mais possède une forme de flamboyance.
Clara, la fille, d’apparence plus fragile, au look plus sobre, vit à Paris. Universitaire, elle travaille sur le suicide. Elle est aussi emmêlée dans une relation toxique avec un jeune homme issu de la bourgeoisie conservatrice.
Sauf que Clara et Véro ont aussi des points communs. La force de la sororité qui les entoure, d’abord. Que ce soit chez les copines cagoles ou les amies d’université, on se serre les coudes ! Une relation frustrante voire violente avec le père et mari ensuite. Après la fidélité des femmes, la violence des hommes. Enfin l’amour qui les unit, parfois difficile à exprimer, ou trop fort ou trop envahissant.
Parmi la multitude des romans de la rentrée sur la filiation, laissez-vous tenter par cette lecture moins légère que peut laisser penser la couverture façon "comic strip" de ce premier roman !