Le Printemps des Poètes (11-27 mars) joue à saute-frontières, thématique de l’édition 2023. L’occasion de (re)découvrir le catalogue « sans frontières » des dynamiques éditions Bruno Doucey dont le fondateur a accepté de répondre à quelques questions.
S’il est une maison d’édition française de poésie qui ne connaît pas de frontières, ce sont bien les éditions Bruno Doucey. Fondées en 2010, elles ont acquis en une décennie une belle réputation auprès des lecteurs francophones de poésie séduits par leur approche vibrante du verbe et leur défense et illustration d’une « poésie vivante et généreuse, ouverte et offerte à tous, une poésie qui ouvre nos horizons et nous rend plus forts ensemble », comme le proclament les deux co-fondateurs de la maison, Bruno Doucey et Murielle Szac.
Poète lui-même, Bruno Doucey a dirigé les historiques éditions Seghers avant de fonder sa propre maison pour, explique-t-il, « ouvrir la poésie au plus grand nombre et porter la voix des poètes contemporains partout où elle peut se faire entendre ». Autrice jeunesse, sa complice, Murielle Szac, a été éditrice aux éditions Bayard où elle a publié une série à succès, « La mythologie grecque en cent épisodes » (Le feuilleton d’Hermès ; Le feuilleton d’Ulysse ; Le feuilleton de Thésée ; Le feuilleton d’Artémis), et dirige chez Actes Sud Junior la collection citoyenne destinée aux ados : « Ceux qui ont dit Non ».
Leur catalogue est en lui-même une très convaincante invitation au voyage à travers les voix de poètes du monde entier et une immersion dans les langues et les cultures d’ailleurs à travers le choix de publications bilingues, voire trilingues. Grèce, Corée, Canada et Québec, Irak, Tunisie, Haïti, Israël, Syrie… la planète Poésie des éditions Bruno Doucey est vaste, fraternelle et accueillante. C’est une « poésie ancrée dans un territoire et une histoire, mais pour autant parole universelle. Quand d’autres ramènent du pétrole, des pierres précieuses, des étoffes ou des armes de leurs voyages autour du monde, nous, nous ramenons des voix de poètes. Cette richesse-là n’a pas de prix ! »
Pas question d’élitisme, la poésie publiée chez Bruno Doucey ne s’adresse pas aux lecteurs initiés adeptes du Verbe hermétique : « Nous sommes convaincus qu’un bon poème peut rejoindre tout le monde, petits et grands, cultivés ou non, lettrés ou analphabètes, nous inventons chaque jour de nouvelles manières de convier à la poésie un lectorat populaire ».
À découvrir parmi les pépites poétiques « sans frontières » publiées récemment aux éditions Bruno Doucey, l’anthologie, Frontières : Petit atlas poétique, qui propose, à l’occasion du Printemps des Poètes 2023, un choix de 112 poètes du monde entier et l’édition format poche dans leur bien nommée collection « Sacoche » du recueil de poésie de l’écrivaine québécoise Hélène Dorion, Mes forêts, envoûtant voyage aux frontières de la poésie, de la nature inspirante et de l’intime, au programme du baccalauréat 2024.
3 questions à Bruno Doucey...
Considérez-vous que la poésie est d’utilité publique ?
Absolument, car elle nous aide à penser, à lutter contre tous les extrémismes, les racismes, les intégrismes et les totalitarismes. Elle rassemble au lieu de diviser. Elle permet d’apporter un autre regard, un autre discours sur notre société contemporaine que celui porté par le monde politique, par exemple. C’est un espace de sensibilité et de nuances, ce qui semble manquer cruellement à notre temps.
La poésie peut-elle effacer les frontières ?
Je suis convaincu que la poésie est avant tout le langage de la fraternité. C’est ce que je défends au quotidien dans mon travail d’éditeur, en publiant une poésie vivante et généreuse, ouverte et offerte à tous, une poésie qui ouvre nos horizons et nous rend plus forts ensemble. J’ai à cœur de publier des ouvrages en version bilingue, voire multilingue, comme l’anthologie que nous publions chaque année pour le festival Voix Vives, de Méditerranée en Méditerranée, de Sète.
Quels titres de votre catalogue vous paraissent ouvrir particulièrement les frontières ?
Nous venons de faire paraître une anthologie entièrement consacrée aux frontières, Frontières : petit atlas poétique, établie avec Thierry Renard, et qui rassemble 112 poètes autour de cette thématique. Il y a quelques années, nous avions également fait paraître un recueil très symbolique, Ceux du large, d’Ananda Devi. Un livre consacré aux migrants, publié en trois langues : français, anglais et créole mauricien. Ou bien 136, un petit livre étonnant qui ne compte qu’un seul court poème en français, mais traduit en… 136 langues.
Plus d'infos : le site des éditions Bruno Doucey
De nombreux recueils de poèmes des éditions Bruno Doucey sont disponibles au catalogue de la Médiathèque départementale du Nord.